Dolby surround

Publié le par Arpenteur

Toi aussi tu raffoles de ces salles de cinéma Multiplex ? 

Celles où la glace (on ne dit plus esquimau, c’est pas politiquement correct) de l’entracte est devenue ringarde, puisqu’on peut déjà avant la séance faire ses courses comme au super-marché ?

Eh bien oui, tu as raison, car c’est là que le son dolby-surround prend toute son importance. 

En effet, quand tu te demandes si des rats ne sont pas en train de dévorer ton siège, il en faut du volume pour couvrir le croustillement intensif auquel se livre ta voisine. Tu la vois quelques sièges plus loin, visage rond éclairé par intermittence. Le film se reflète dans les lunettes encadrées de boucles blondes de cette Bridget Jones de province (ou Carry Bradshaw de 8e zone, mais en tout cas, elle y croit) qui est venue tenir la chandelle de sa copine, juste après avoir coiffé Sainte-Catherine. 

Sa main plonge avec régularité dans une bassine de Pop-corn plus grosse qu’une pataugeoire et jette avec passion les boules de maïs soufflé dans sa bouche qu’elle évite bien soigneusement de fermer. Ce serait dommage de priver les autres des délicieux craquements de sa mastication effrénée. De toute façon, il y en a à tous les rangs des grignoteurs. A croire qu’il y a un concours…

C’est marrant comme ce genre de « petit » bruit peut te faire oublier le film, le son, le lieu. Il en devient obsédant, crispant, irritant, exaspérant. 

Oui, le cinéma peut pousser à la violence. Plutôt que le contenu du film, la censure devrait vérifier ce qui est vendu avant la séance… 

Heureusement, ce tonitruant mâchouillis n’a pas troublé le couple d’ados quelques sièges devant, qui a passé deux heures à se compter les molaires du bout de la langue, tout en ignorant royalement, qui sa copine, qui son pote, qui avaient bien voulu les accompagner, et qui se retrouvent comme deux ronds de flancs, ne sachant que se dire, et n’osant pas regarder, bien que crevant d’envie de faire pareil. Ils ont dû remercier le ciel qu’il y ait des portables et des magazines pour se donner contenance. 

Eh bien, moi, malgré tout ça, je suis ravi d’avoir emmené ma belle au cinéma, de lui avoir payé une glace à l’entracte, et de l’avoir embrassée dans le noir. 

Ca donne un sacré putain de coup de jeune… 

« Humeur » gustative par Arpenteur, projectionniste depuis 1971

Publié dans Humeur

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
<br /> <br /> Cela me donne envie de relire la nouvelle de Philippe Delerm (!) sur le cinéma dans "Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules", publié aux édtions de L'arpenteur  (si c'est pas<br /> un signe ça !!) <br /> <br /> <br /> Merci !<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
M
berk, c'est sale ! avec la langue !!!!!
Répondre