Mer et montagne

Publié le par Arpenteur

Alinghi 5 a passé son mois de juillet en vacances par ici. Si, si.

Vous me direz, c’est quoi ce Alinghi 5 ? Le dernier film de Luc Besson avec du noir et blanc dedans ? La version kirghize de Koh Lanta où Serik est obligé de sucer les sabots d’un chameau mort pour remporter l’immunité ? Le nom d’une nouvelle épidémie qu’on va nous vendre pour animer un petit peu les premières semaines d’automne pendant lesquelles les journalistes n’ont pas grand chose à se mettre sous la dent ? Ou la nouvelle chaîne thématique qui diffuse sur le câble les meilleurs moments des interludes, qui franchement nous manquent beaucoup... ?

Non, rien de tout ça.

Alinghi 5, pour nos néanmoins voisins hexagonaux, et autres, c’est un bateau. En fait c’est LE bateau du moment. C’est le plus grand voilier de régate jamais construit : un catamaran de 36m de long, 24m de large, surmonté d’un mât de 50m (17 étages…), qui coûte sans doute un peu plus que la peau des fesses des jumelles de Federer en première page de L’Illustré.

A quoi ça sert un bateau pareil ? A gagner la Coupe de l’America, une compétition de voile, la plus ancienne compétition sportive du monde (j'en avais parlé un jour ici), avec un bateau construit et testé au cœur des Alpes suisses.

Encore quelques dizaines de procès, et les deux équipes se seront mises d’accord sur les règles : le gagnant sera celui qui arrive en premier à l’arrivée, pour autant que la masse totale de l’équipage avant le petit déjeuner n’excède pas le poids de la voiture du grand-père du barreur divisé par la surface de voile, dont on déduit l’âge du plus jeune à bord, pour autant qu’il soit majeur, vacciné contre la grippe A, et qu’il n’ait jamais voté UDC.

Et aujourd’hui sans doute, le plus grand hélicoptère du monde, venu tout exprès de Sibérie, viendra emporter ce géant par-dessus les Alpes, pour aller le déposer en mer. Puis, en février 2010, aux Emirats Arabes Unis, Alinghi 5 remportera le procès final la régate… Ou pas.

Il est né loin de toute mer, mais comme pour le plus majestueux des fleuves, elle est son seul but.

Plus rapide que le plus gracieux des oiseaux, il vole sur le flots, élégant, serein, impérial, et ça coupe le souffle… Vraiment.

Une seule de ses voiles, coûte la moitié d’un prime de Secret Story, et permettrait de régler la faim dans le monde au moins pour 4-5 jours, et ca me dégoute.

Et en même temps, il n’y a pas à redire… Alinghi 5, c’est vachement beau. Emouvant.

Et ça, ça m’énerve.

« Humeur » admirative, par arpenteur, marin d’eau douce depuis 1971

©photo arpenteuse2009 – Le Bouveret, Lac Léman, Suisse



NB : les petits points rouge tout en bas...c'est l'équipage...

Publié dans Humeur

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
J'ai écrit , dans un bouquin publié ...il y a ...longtemps ...que , désormais , on pouvait etre gondolier à Venise tout en naissant en haut d'une montagne suisse ...ou marchand de tapis à Singapour en étant fiston d'un cultivateur de pommes normandes ..Heureuse que toutes mes intuitions se confirment !!!!...au moins , je n'ait pas écrit de conneries !!!Reste le très honteux probleme du pognon foutu en l'air ...tiens ...justement , en ce moment , je prépare un sabotage .....;))))
Répondre
B
A ce prix faut mieux avoir le pied marin ;-)
Répondre
C
Je l'ai vu passer un peu au large de Morges (photos aussi sur mon blog) . Géant !
Répondre
M
Magnifique ! tu en es ?
Répondre
J
J'ai toujours su qu'une régate de l'America's Cup se gagnait à la barre !! (je te laisse le soin d'expliquer ce fabuleux jeu de mot à tes lecteurs, quoique les connaissant ils devraient suivre)C'est la plus fabuleuse des compétitions, puisque le tenant du titre fixe les modalités de victoire, de compétition, d'armement et de tout en fin de compte.J'attends avec impatience le jour où le vainqueur décidera que la régate aura lieu sur une galère garnie d'esclaves enchaînés et fouettés. Ben pourquoi pas on est bien passé au multi-coques !!
Répondre