Comme un souillon sans elle
L’arpenteuse est partie quelques jours, pour
travailler faire la petite sirène participer à un cocktail où on mange avec les doigts et on se dit bonjour d’un air gêné dans une langue qu’on connaît pas après s’être essuyé discrètement à sa robe, au siège principal de sa boîte, à Copenhague. Ce qui fait que par conséquent donc, l’arpenteur il est resté tout seul.
Au début, mais alors tout au début, genre avant que l’arpenteuse elle parte, il est content : il va pouvoir vivre comme un garçon qui vit tout seul. Vous voyez ce que je veux dire, ça vous est tous arrivé (si, je vois même poindre une petite larme de nostalgie au coin de l’œil de certains).
Mais comme ce blog n’est pas sexiste, et qu’il arrive que des filles y posent un regard langoureux, je me dois de donner quelques explications même si elles savent certainement toutes ce que « mâle qui vit seul » veut dire, puisqu’un jour où l’autre, Mesdemoiselles et Mesdames, avouez que vous vous êtes laissée charmer lors d’une soirée, et emmener dans son antre solitaire par un jeune homme que vous croyiez charmant, mais qui en fait, non.
Il vivait avec des crânes d’animaux morts exposés sur sa bibliothèque*, collectionnait les moisissures pour les dessiner et les classer dans un joli classeur bleu*, conservait les restes de ses repas dans la même casserole depuis 9 semaines et demi (la date de sortie du film, pas la durée), rechargeant chaque jour quelque peu le contenu, pour varier les menus*, et se réjouissant que de temps en temps, les pigeons quittent la gouttière pour venir prendre le petit déjeuner avec lui, directement sur la table de sa cuisine*. Et enfin, reconnaissez qu’il vous était impossible de deviner de quelle couleur était le drap à l’origine*. Et là, n’étant pas vaccinée vous êtes repartie, et êtes devenue homosexuelle.
Mais un garçon tout seul, c’est pas toujours comme ça. Peut-être un tout petit peu.
Donc l’arpenteur était tout content, et faisait des projets en fanfaronnant devant ses congénères mâles au regard envieux.
Pendant quelques jours, il ne ferait plus le lit. Il pourrait perdre une chaussette n’importe où dans la maison sans que le souvenir de cet oubli ne lui provoque des sueurs froides. Il pourrait abandonner des restes de repas commandés sur n’importe quel meuble, et manger dans n’importe quelle pièce à même l’emballage. Sa veste n’aurait plus l’occasion de connaître un cintre, et serait jetée sur le sol de l’entrée, pour recouvrir plusieurs paires de chaussures abandonnées là au hasard. La vaisselle s’entasserait dans l’évier, le linge sale sur le sol de la salle de bain, et les yaourts vides sur la bibliothèque…
Il lirait, écrirait, et oublierait qu’il y a une télé dans la maison.
Puis, juste avant son retour, il rangerait tout, pour lui faire plaisir, et lui faire croire qu’il savait se tenir, quand même.
Alors l’arpenteur il a essayé. Si, si. Mais il a cuisiné lui-même, et rien commandé ni décongelé. Il a mangé dans une assiette, et il l’a lavée tout de suite, pour pas que ça sèche et que cela soit difficile à nettoyer avant qu’elle ne rentre. Il a mis son yaourt à la poubelle directement, juste avant de laver la cuiller. Le soir, il a rangé son linge sale à la buanderie, et il a été tout triste dans son grand lit vide. Avant de partir bosser, il a rangé sa veste et ses chaussures de la veille, et a sorti la poubelle…
L’arpenteur serait-il une fille…?
Alors une fille qui n’a pas fait son lit !!
« Virgule » solitaire, par Arpenteur, nettoyeur depuis 1971
(c)photo arpenteur2006
* tous ces faits sont rigoureusement exacts et ont été constaté de visu, dans un contexte tout autre qu’une sortie de boîte avec un charmant jeune homme, je le précise…