Le livre de Joe

Publié le par Arpenteur

J’aime offrir un livre neuf. C’est bien plus qu’un objet, c’est une histoire, des sensations, des émotions, des images, que chacun façonnera à sa propre manière, et par conséquent un cadeau unique.

Par contre, sans savoir pourquoi, j’ai de la peine à en offrir un que j’ai déjà lu, au sens physique du terme. Un livre lu se prête, ne se donne pas. Rien à voir avec le fait qu’offrir des objets « d’occasion » n’est pas très élégant, non. C’est plutôt qu’on ne s’approprie pas  uniquement l’histoire, mais aussi l’objet. Alors un livre lu se prête.

Mais comme celui-ci j’aimerais que vous puissiez le garder, je souhaiterais vous l’offrir neuf. Il y a des choses comme ça qui sont des bons moments qu’on a simplement envie de partager.

* * *

Joe Goffman, le personnage, est un écrivain qui a connu un grand succès avec son premier roman. Il y racontait avec cruauté son adolescence dans une toute petite ville de province américaine, comme on les imagine, avec ses maisons individuelles aux pelouses parfaites, sa rue commerçante, ses deux restaurants, et son inévitable lycée.

Il n’y a pas de secrets dans une petite ville de province. Tout se sait ; le seul critère, c’est ce dont les gens sont prêts à discuter avec vous.

Trentenaire riche et esseulé, le voilà forcé de revenir à Bush Falls, après 17 ans d’absence au chevet de son père mourant. Et contraint d’affronter l’hostilité des personnages de son roman, les fantômes de son passé,  et ses souvenirs. Il va découvrir que le passé n’est jamais loin.

Ces lycéens, qui ont signé le ballon de basket lorsqu’ils ont gagné le championnat, c’est presque comme ils savaient d’avance que rien ne serait jamais aussi bon que ce qu’ils étaient en train de vivre. Et pour moi, c’est tout le temps que je suis restée avec toi. Au cours des dix-sept années qui ont suivi, cette période de ma vie est devenu le ballon de mon étagère à trophées ; je pouvais le contempler tous les jours pour y retrouver un semblant de douceur, de souvenirs heureux.

Amitiés et rancoeurs, famille et douleurs, souvenirs et présent, une histoire pleine d’humour et de gravité. Joe va découvrir que son passé se meurt aussi, et parvenir ainsi à trouver son présent,  et son futur.

S’accrocher à la colère est une perte de temps ; et la vie est trop courte pour ça, bordel !

Alors je vous offre ce livre, autant que faire se peut, mais il faudra quand même aller le chercher vous-mêmes avec vos pieds et vos petites économies, dans votre librairie favorite… avant qu’elle ne ferme…

« Marque-page » très agréable, par Arpenteur, cafteur depuis 1971

Jonathan Tropper, Le Livre de Joe, collection 10/18 domaine étranger, no 3995

 

 

 

Publié dans Marque-page

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E
Je me demande justement si je ne vais pas offrir ce livre à ma mère pour Noël... Il m'avait beaucoup touché !
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M
J'ai trouvé le livre en bibliothéque et je commence dès ce soir.
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M
On se sert des autres, des regards que l\\\'on a (avait?) sur eux pour écrire, et j\\\'imagine, combien cela peut être dur, une fois qu\\\'on les a saignés à blanc, de revenir sur les lieux du crime...Et constater que l\\\'on est peu différents.
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A
@fyfe, marcel, shookett, TT02 : c'est gentil, mais veuillez cesser immédiatement de fumer la moquette de tata Mariejeanne, retire cette seringue de votre bras, et cracher immédiatement cette poignée de petite pilules orange fluo... Merci...<br /> @milou, antenor : une idée qui me trotte en tête depuis quelques temps, c'est vrai, j'avoue<br /> @mina : comme on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, écrire fige un instant, une impression, et personne ne reste figé...
A
un peu à l'image de milou, il faudrait essayer le bookcrossing, très amusant (www.bookcrossing.com)
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M
Je propose de faire un truc (que j'ai déjà fait) : tu laisses ce livre dans un endroit très fréquenté, genre une gare, avec un petit mot dedans, voire ton adresse de blog ... Et on voit ce qui se produit. Si ça se trouve, c'est un de tes lecteurs qui le récupérera. Parce que la flemme d'aller le chercher. Et parce que c'est plus marrant comme ça.
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