Gogue's Anatomy
C’est décidé. Je vais écrire un post. Jusque là, ok, c’est pas un scoop, pour quelqu’un qui essaie d’avoir un blog. Mais ce post ne sera pas n’importe lequel. Le plus interactif de tous les temps. Enfin, peut-être. Et sinon, ce sera le plus ridicule de tous les billets postés sur ce blog aujourd’hui. Et ce n’est pas à la portée de tout le monde, vu que je suis le seul à connaître mon mot de passe.
Les écrits quels qu’ils soient provoquent le rire, les pleurs, la réflexion, la peur, la relaxation, toute sorte d’émotions… mais rarement la miction.
Eh bien voilà le défi que je me lance… donner envie de pisser. Vous forcer à aller vous soulager, là maintenant tout de suite. Enfin attendez quand même d’avoir fini… (Et si pampers veut m’envoyer un chèque pour la notable augmentation de son chiffre d’affaire consécutive à ce post, merci de me contacter par mail).
Je suis sûr que vous êtes déjà intrigués, et anatomiquement titillé.
La recette est très simple, juste quelques ingrédients sont nécessaires :
1.
Allez chez des amis qui ont une maison, un soir de printemps. Juste quand le soleil vient de disparaître, et que la petite brise du soir s’est levée. Mais manque de pot vous avez laissé votre veste dans la voiture, qui est parquée beaucoup trop loin. Prenez à la main une grande bière bien fraîche. Vous savez, celle qui fait transpirer la chope. Si vous avez un blog de fille, vous pouvez faire la même chose avec un grand verre de thé froid light à la pèche/goyave/mangue/citron/papaye (biffez ce que vous voulez, mais faites gaffe, c’est votre écran), avec plein de glaçons qui tintent délicatement contre le verre…
2.
Laissez vous gagner par cette chair de poule provoquée par la brise, qui vous met les poils au garde-à-vous. Et par ce désagréable petit courant que vous avez dans la nuque. Vous aimeriez bien rentrer, mais vos amis et leurs invités semblent vouloir rester sur la terrasse. C’est quand même plus sympa, même si c’est un peu tôt pour la saison. Surtout qu’ils n’ont pas oublié leur veste, eux. Et ils n’ont pas eu la mauvaise idée de se mettre en tongs. En plus, comment auriez-vous pu savoir qu’ils allaient arroser le gazon juste avant l’apéro. Mais que faire ? Ils sont si fiers de leur terrasse. Vous êtes déjà content que le dîner soit prévu à l’intérieur.
Normalement à ce stade, vous devriez sentir quelques petits fourmillements dans un recoin de votre bas-ventre. Je n’ai pas fait anatomie en deuxième langue, et je ne vous ai pas encore autopsié, puisque vous vous acharnez à vivre, mais je parie que grâce à ce petit picotement, vous commencez à pouvoir localiser votre vessie avec presque autant de précision que votre main gauche. Pour la suite, si vous avez un blog de fille ce sera peut-être moins efficace, mais pas sûr. Laissez-vous faire.
3.
Pour tromper votre impatience, et cette étrange envie naissante, vous faites quelques pas dans la pelouse. Les brins d’herbe couverts de gouttelettes glacées rafraîchissent désagréablement vos pieds nus.
C’est là que vous apercevez ce seau en fer blanc. Un joli seau en fer blanc, large et profond, avec une anse un peu tordue, près de la gouttière. Un frisson vous parcourt l’échine. Vous faites tout pour ne pas y penser, mais c’est plus fort que vous. Vous imaginez le bruit de l’eau qui s’écoule de la gouttière dans ce seau. Vous localisez votre vessie avec de plus en plus de précision, et il vous prend l’envie de vous soulager dans ce bidon. Ce ne serait pas très discret, avec tous ces invités à quelques mètres…
Mais dieu que ce serait bon, non ? Et quel délicieux apaisement d’entendre votre vessie se vider sur la ferraille. L’explosion libératrice et sonore du liquide qui frappe le métal avec régularité. Lentement, le fond du seau se remplit et c’est un clapotis de plus en plus régulier qui chante à vos oreilles. Quel soulagement de sentir votre corps de détendre, et de se laisser gagner par cette douce chaleur, qui remonte depuis le bas du dos jusqu’à la nuque, à mesure que votre vessie se vide…
Mais, il ne faut plus y penser. Pas plus qu’à cette brise qui mordille votre cou. Pour détourner votre attention de ce seau, vous avalez par réflexe quelques longues gorgées de bière fraîche/thé froid light dans lequel les glaçons ne se décident pas à fondre. Mal vous en a pris. L’amertume du houblon, le cliquetis des glaçons, et le liquide glacé qui s’écoule dans votre gorge, vous ramènent à cette insidieuse et si naturelle envie. Et au seau. Ce seau tant espéré, mais intouchable.
4.
Vous demandez aussi discrètement que possible à la maîtresse de maison la direction du petit coin. Et comme de bien entendu, elle vous dit : « au fond à gauche ».
D’une démarche crispée, vous atteignez enfin cette porte libératrice, devant laquelle vous vous dandinez d’un pied à l’autre, pendant de longues minutes, essayant d’oublier le supplice qui vous dévore les entrailles, puisque c’est évidemment occupé… Par quelqu’un de particulièrement lent ou constipé, ou les deux… (Je crois que c’est la Loi de Murphy No 11 : plus l’envie de pisser est grande, moins la porte s’ouvre plus vite).
Quand enfin Murphy quitte les toilettes, vous souriez l’air de rien, en le laissant passer, et dès qu’il a le dos tourné, vous courrez à l’intérieur. D’une main vous fermez la porte, de l’autre vous avez déjà ouvert votre pantalon/soulevé votre jupe, et là ……… hmmmmmmm une vague de félicité intense et absolue vous envahit… c’est le plus beau moment de votre vie…
Mais je vous abandonne là.
Ce bonheur m’appelle… irrésistiblement…
« Virgule » interactive, par Arpenteur, urologue depuis 1971
© photo arpenteur2007 - venise, italie
J’espère que ce post n’est pas trop chiant. Car ce n’était vraiment pas le but…