Maman les p'tits bateaux

Publié le par Arpenteur

En ce moment, c’est la Coupe de l’America. Ceux qui ne sont ni Suisses, ni Néo-zélandais, s’en foutent comme de la première fois où il se sont fait choper à chiquer en classe, mais pour ces deux grandes nations que presque personne n’arrive à placer sur une carte, c’est un peu la coupe du monde des bateaux.

Pour les situer plus précisément, il paraît que si on creuse un trou en Suisse, sans s’arrêter jamais jamais, on ressort en Nouvelle-Zélande. Et en Nouvelle-Zélande ils disent pareil, plus ou moins. Sauf que personne n’a jamais essayé. Parce que c’est plus dur dans ce sens. Ca monte.

La Coupe de l’America c’est un peu comme la Formule 1, mais avec moins de bruit, et sans casque.

En Nouvelle-Zélande ils ont des moutons, la mer et des bateaux. Par conséquent, vu que les concours de tonte de moutons auraient été trop faciles à gagner, quelqu’un a inventé les courses de voile, pour que tous les pays qui ont la mer puissent jouer.

Le problème c’est que la dernière fois que la course a eu lieu en Nouvelle-Zélande, les Suisses sont venus (avec leur bateau, mais avec aussi quelque néo-zélandais dessus). Les gens se sont d’abord dit : « Oh j’irais bien en vacances en Suisse, pour la plage, les alizés et les cocotiers ». Puis finalement, on leur a expliqué que la Suisse avait surtout du chocolat, des montres, des banques, des vaches qui ne se tondent pas, mais pas de mer. Ce qui a bien fait rire les antipodiens (ce ne sont pas les gens qui sont contre les pieds, mais ceux qui habitent de l’autre côté du trou).

Mais ils n’ont pas ri bien longtemps, puisque à peine cinq petites balades en mer plus tard, le bateau suisse remportait haut la main la régate.

Le principe de la Coupe de l’America, c’est que celui qui gagne garde le trophée moche, et doit se construire une cheminée pour le mettre dessus. Mais surtout, il doit organiser la revanche, pour pouvoir se débarrasser du trophée, parce que vraiment c’est trop la honte dans son salon.

Et là, les Suisses ont été bien embêtés. Parce la mer, ils l’ont pas. Même dans les stocks de l’armée cachés dans les montagnes (et là, il y en a du bordel dont on ne se sert pas, notamment des millions d’ampoules de rechange pour des lampes de poche).

Alors à la place, ils ont d’abord proposé un concours de tonte de vache, mais la SPA a refusé.

Dans la Coupe de l’America, le règlement est très strict : si tu n’as pas une masse d’équipage totale équivalent au trois-quart du poids des voiles divisé par la longueur du bateau, moins l’âge du beau-frère du capitaine et la pointure de chaussures de la patronne de la buvette, tu ne peux pas participer.

Pareil si tu n’as pas de mer.

Les Suisses, ont proposé la mère Michel, mais celle-ci s’est lâchement désistée pour une sombre histoire de chat.

Finalement ils ont du demander à l’Espagne de leur prêter un bout de leur mer. Vu que nos amis Ibères (enfin un peu de culture dans ce billet) ne s’en servaient pas tellement en ce moment, ils ont prêté Valence.

Tout le monde s’est construit un bâtiment super classe sur le port, en cachant bien le bateau sous une bâche (ils ont appelé ça une jupe, pour que tout le monde ait envie de regarder dessous, mais que personne ne le fasse), afin d’éviter que les autres choisissent la même couleur juste pour embêter. Il est à noter que cette course s’est beaucoup politisée, notamment pour savoir s’il fallait mettre le port de voile près de l’école. Mais ce n’est pas le sujet.

Les autres ont joué dans l’eau pendant des mois pour savoir qui aurait le droit d’aller essayer de récupérer le truc moche qui trônait sur la cheminée des Suisses, et c’est les Néo-Zélandais qui s’y collent. C’est mieux comme ça, parce que, que ce soit en Suisse ou en Nouvelle-Zélande, il y a quand même plus de cheminées qu’en Italie ou au Brésil.

Et depuis, ces deux petits pays dont tout le monde se fout, se tirent des bords au large de Valence, sur des bateaux dont la moindre vis vaut le PIB annuel du Japon, et le mètre de corde au moins 649 fois le mètre de saucisse de veau de chez votre boucher.

Alors maintenant c’est du « babord amure » et de « l’empannage » à tous les coins de mer, et attention que le « numéro un » ne tombe pas à l’eau, sinon le « wincheur » de la « cellule arrière » sera quand même un peu triste, parce que c’est son pote de chambrée.

Ce n’est pas super passionnant en direct, parce que personne ne risque de mettre un coup de boule à Materrazzi, et aucun candidat ne peut se prendre le mur de plein fouet dans le virage de Ste-Geneviève et une gerbe d’étincelle.

Finalement, la Coupe de l’América, c’est quand même beaucoup moins bien que la Coupe Danemark…

« Virgule » maritime, par Arpenteur, milliardaire depuis 1971

(c)photo arpenteur2002  - copenhague, danemark

edit du 6 juillet 2007 : une petite merveille à ce sujet c'est poilant

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M
Ca pourrait plaire à certains : http://www.bonpourtonpoil.ch/?p=977<br />
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M
Là .... (mettez la musique que vous voulez), youpi, youpi, ya, youpi, youpi, yééééééééé !
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F
Excellent.Tu as réussi à m'intéresser à un sujet qui franchement, ne m'intéresse pas plus que toi (pas plus qu'il ne t'intéresse, je veux dire - j'aurais du écrire ça en fait pour ne pas que tu prennes la mouche, mais alors mon message aurait été plus indigeste encore).Mes félicitations. Bien cordialement. Tiens, voilà ton trophée. Montre moi ta cheminée et tu peux partir avec.
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S
Fréquentant de nombreux marins qui occupent leurs déjeuners à parler de ces régates (pendant que je leur chourre les frites), je profite ici de mon anonymat quasi-complet pour avouer que :1) je n'y comprends fichtre rien ;2) j'étais persuadé que la coupe de l'américa se déroulait... en Amérique ;3) que - comme en formule 1 - je croyais que tout se passait dans les stands (mais on me murmure à l'oreille qu'on ne change pas les pneumatiques pendant la course).
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C
Merci pour cet éclairage parce que c'est pas en écoutant les commentateurs qu'on pourrait y comprendre quelque chose...
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