Pas emballé...
Voici venu le temps de cette joviale tradition à base de sapins, de paquets brillants, de vieux barbus avec des enfants sur leurs genoux, de rennes exploités, et de flocons lumineux.
Car vous n’êtes sans doute pas plus con que moi, ce qui est parfois difficile, je vous l’accorde, et vous avez dû constater que la dictature de Noël a pris le pouvoir à nouveau.
Les rues regorgent de lumières, le moindre petit pavillon résidentiel, ou balcon d’immeuble dégouline d’illuminations plus kitsch les unes que les autres, et comme l’an dernier, notre maison est la seule du quartier à résister envers et contre tout aux rennes tirant un traîneau, ou au Père Noël clignotant essayant de grimper à la fenêtre… mais depuis longtemps, grâce à « Pas de Noël cette année » de John Grisham on se sent moins seuls.
L’avantage à cette période, c’est qu’on a plus besoin d’allumer la lumière à l’intérieur. Les voisins se chargent d’éclairer notre séjour.
Et quand enfin les lumières s’éteignent au matin, les magasins sont pris d’assaut comme une lampe par les moustiques un soir d’été ou une librairie le jour de la sortie de « Harry Potter fait des slips en macramé ».
Impossible de l’éviter, impossible d’échapper à la compulsive et frénétique consommation. On voit des gens errer dans les rayons, certains à la limite de la panique, cherchant désespérément parmi des trucs qu’on ne voit qu’en décembre parce que personne ne les achèterait sinon, le cadeau satisfaisant. Qui n’as pas entendu au fil d’une discussion pré-noëlesque des « quelle corvée ces cadeaux, j’en peux plus, et cette foule, pfff, c’est l’horreur », auquel répondent des « Ah ben moi j’ai enfin fini, suis bien content d’être débarrassé »…
Et finalement tout le monde s’échine à offrir des trucs inutiles à des gens qui n’en ont pas besoin et pourraient se les payer eux-mêmes.
Noël, à la base, si, si, rappelez-vous, c’est quand même une pucelle qui accouche sous le regard lubrique d’un bœuf, d’un âne, d’un charpentier et de bergers nuls en orientation… Et cette fête religieuse engendre des dépenses estimées à près de 3 milliards de francs en Suisse, soit environ 2 milliards d’euros... uniquement en cadeaux, c’est-à-dire sans compter les achats supplémentaires de nourriture…
2'000'000'000 d’euros… pour un petit pays comme la Suisse… Multipliez ça à l’échelle de l’Europe, de l’Amérique, et du reste du monde qui n’est pas occupé à essayer de survivre…
Mais restons-en à la Suisse et à ses 2'000'000'000 d’euros, car les chiffres avec plus de zéros, ça fait trop peur.
Je le concède, certains cadeaux sont utiles, et surtout faits à des gens qui ont « besoin » de ce qu’ils vont recevoir. Mais ça reste une minorité. Mettons un quart grand maximum, en comptant large, et en prenant aussi en compte ce qui suffirait pour le plaisir de faire plaisir...
Et là, ne vous amusez pas à calculer tout ce que l’on pourrait faire d’utile, ni combien de vies on pourrait sauver avec 1.5 milliards d’euro, par exemple nourrir et scolariser plus de 4'000'000 d’enfants pendant 1 an. Mais rassurez-vous, 1'500'000'000 d’euros c'est à peu près ce que vous pourriez dépenser par semaine pour apporter la démocratie et la paix à des puissances pétrolières.
Ne comptez pas, vous allez avoir la nausée.
Comme moi…
Mais bon je ne veux pas vous gâcher votre Noël, et je profite de la relative ancienneté de ce blog pour vous servir du réchauffé, et vous confirmer que si le Père Noël a existé, et bien maintenant, il est mort… de rire ? Si, c’est ici…
Quoi ? J’ai brisé un mythe… ? Ce n’était pas mon intention, et malgré tout ça, je vais plutôt bien vivre les petites festivités entre amis qui m’attendent… comme vous…
Désolé, mais parfois j’ai un sale goût dans la bouche, un peu comme si j’avais bouffé du renne rance…
« Humeur » nauséeuse à haute teneur en bonne conscience ajoutée, par arpenteur, boute-en-train hypocrite depuis 1971
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