Dernier appel pour...

Publié le par Arpenteur

« Monsieur Arpenteur est prié de se rendre à la porte 56E, dernier appel pour Monsieur Arpenteur, porte 56E . Mister Arpenteur please proceed to the gate 56E, last call for Mister Arpenteur, gate 56E » 

Et je cours dans les couloirs, traînant un sac qui doit peser dans les 12 tonnes, quelques fringues, des bouquins, et 42 kg de chocolat pour mes amis. 

Bloqué sur l’escalator derrière un couple de vieux en partance pour les Canaries pour la 9ème année consécutive, vu l’état de leur t-shirt Gran Canaria, j’ai le temps de me délecter de l’horrible sensation de la sueur qui imprègne une chemise neuve (mais oui, vous savez, la fraîcheur de la goutte qui coule lentement sous l’aisselle). 

Mon sac se coince dans un tourniquet, quand j’entends encore une fois mon nom. Je fais semblant de rien, car je m’étais juré que jamais je ne me ferais appeler dans un aéroport. 

Je passe le contrôle de sécurité, et évidemment ça sonne de partout. On me fait vider mon sac car mon trousseau de clé ressemble à un missile nucléaire. Puis je me retrouve en chaussettes, dont une trouée, essayant d’une main de retenir mon pantalon dont on m’a enlevé la ceinture, et j’essaie tant bien que mal de refermer mon sac sous les yeux de voyageurs de tous pays (planétaire la honte, je vous dis), pendant qu’un agent fait semblant d’ignorer la délicieuse odeur que dégagent mes chaussures qu’il est en train d’examiner avec soin. 

Après un ultime sprint, j’arrive à la porte d’embarquement 56G, d’où une hôtesse qui a dû commencer sa carrière avec Blérioz me renvoie sans ménagement jusqu’à la porte 56E. Elle a d’ailleurs bien raison. 

Je fouille dans ma veste à la recherche de ma carte d’embarquement, en faisant mine de ne pas entendre les soupirs de l’hôtesse. Soulagé, je la lui tends quand elle me réclame mon passeport en souriant, mais sur le ton qu’un garde-chiourme utiliserait contre son pire ennemi. Je le retrouve au fond de mon sac, entre mon téléphone et le missile nucléaire. 

Un dernier 100m dans la passerelle, et je suis accueilli avec un sourire par le personnel de bord. Mais je ne suis pas dupe… Les regards des autres passagers me font clairement sentir leur irritation, et j’ai déjà honte de l’odeur que je vais dégager. Je plains le pauvre qui aura le siège 24C juste à côté de moi. 

L’avion commence à rouler. Le signal « attachez vos ceintures » clignote en émettant un bip agaçant. 

Je me retourne et d’un plat de la main jovial j’éteins le réveil. 

Faut pas que je sois en retard, je pars en vacances…  

« Virgule » touristique, par Arpenteur, sprinter depuis 1971

(c)photo arpenteur2004

Publié dans Virgules

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E
<br /> <br /> Moralité : les chips, c'est moins lourd que le chocolat, et le TGV c'est bien aussi. <br /> <br /> <br /> <br />
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M
Byalpel > non, non, le coupe-ongle, sans sa lime-javelot, c'est autorisé.Et j'ai été étonnée de voir qu'American Airlines donne des vrais couverts métallique - quoique bien inoffensifs à côté du cordon-bleu radio-actif aux haricots explosifs servi à bord.
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M
Plutot sympa, j'aime bien l'esprit. Quelques images agrémenteraient peut etre un peu le blog...
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B
N'oublie pas, avant de partir, de mettre ton coupe-ongle lance-roquettes et tes couteaux en plastique anti-personnel dans ta valise.Ils sont tatillons ces temps-ci, avec l'affaire ClearStream...
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