Retour de service (edit en *)

Publié le par Arpenteur

Quand on revient d’arpenter l’ailleurs, quel qu’il soit, il faut vider son sac. Au sens propre car c’est sale.

On trouve plein de trucs dans un sac. Tout ce qu’on a pris en trop par exemple, comme un bonnet et des gants, mais surtout de la poussière, des chaussettes qui sentent aussi peu la rose qu’un bouquet de satellites, et des t-shirts encrassés, dont les relents n’ont rien à envier à l’haleine d’une otarie qui vient de terminer de déménager l’armoire normande de son beau-frère, et qui a mangé huit kilos d’ail, avant de se laver les dents avec une brosse à chiotte trouvée dans la benne à ordure qui se trouve derrière la cantine principale de la foire au lard de Saint-Kevin-près-Macdo.

Puis vient le temps de la douche, avec de l’eau chaude pour une fois, et là c’est une sorte d’extase proche de la sensation orgasmique que l’on ressent lorsqu’on retire ses chaussures de ski après une journée de glisse. Le corps se détend, et se transforme lentement en une profonde et douloureuse courbature, de telle sorte qu’on se demande si on a pas passé ses vacances plié en quatorze dans une canette de bière au nom exotique.

Avec juste un petit linge entourant une ceinture abdominale frisant la perfection, fracassé, on  s’effondre sur le canapé, et on repousse le plus loin possible le moment où on ne pourra plus résister. Le moment M où l’on ira rallumer son téléphone portable, après l’avoir cherché un peu partout. C’est fou comme ça se perd vite c’est petites choses là une fois qu’on les débranche.

Et puis, du moment qu’on s’est reconnecté avec ce qu’on appelle bien maladroitement le monde, plus rien n’empêche d’ouvrir l’ordinateur. Je vois que vous avez été sages, qu’il y a de nouveaux commentateurs, et que ce n’est pas trop le bordel. Alors je me dis « voilà des bons petit gars », et je vous donne un petite tape un brin paternaliste sur vos frêles épaules. Puis je vais jeter un coup d’œil aux mails. Pas sur l’adresse du boulot, non, celle-ci fait trop peur, et ça viendra bien assez tôt. Mais sur la boîte « arpenteur ».

Il y a les inévitables 26 mails venant de pauvres orphelins fortunés qui ont besoin de mon aide pour placer leur fortune quelque part, moyennant une généreuse indemnité de 20%. Si je répondais, je pourrais me faire environ 116 millions de dollars, en à peine quelques clics, mais j’y renonce, je suis un gros égoïste qui n’est pas prêt à aider qui que ce soit, pas même pour une montagne de billets verts, ou de pilules bleues.

Et parmi tout ça, le mail d’une journaliste me demandant l’autorisation de diffuser quelques extraits des virgules dans une émission de la Radio Suisse Romande, Journal infime.

Ayant résisté à l’avarice, je succombe lâchement à l’orgueil, et à ce mail là, je réponds, fier comme un paon déguisé en coq.

Comme quoi la gloriole a parfois plus d’attrait que la fortune, et mon humilité que j’aime à croire légendaire en prend pour son grade. Du coup, je décide de ne pas en parler sur le blog, comme vous pouvez le constater.

Donc je réponds avec 15 jours de retard à un mail, délai digne d’un courrier envoyé entre l’Ouzbékistan oriental, et une vallée reculée du Paraguay en 1756.

Et peut-être que prochainement*, un de mes textes va être libéré de l’écran, s’échapper, et s’envoler sur les ondes. Il va essayer de voler de ses propres ailes, un peu comme un oiseau tombe du nid et s’écrase avec un bruit peu ragoûtant au pied de l’arbre, sous le regard impuissant de maman mésange, ou alors peut-être va-t-il planer comme un aigle majestueux qui ira capturer les émotions des auditeurs au plus profond de leurs oreilles, quelque part derrière une boulette de cérumen.

Enfin tout ça pour dire, que je suis de retour, et comme vous pouvez le constater, je n’ai pas trouvé de chute, et ce n’est pas brillant. En plus, je n’ai pas écrit grand-chose… même rien… Mais je vais essayer d’y remédier. Promis.

« Virgule » aux chevilles enflées, par Arpenteur, de retour depuis 1971

*EDIT : les Virgules sortiront prendre l'air le mercredi 2 et le jeudi 3 mai 2007, entre 14h et 15h (entre la 20e et 30e minute environ), dans l'émission "Journal infime" de la RSR, dans la chronique "L'esprit du blog" de Brigitte Patient. Merci à elle.

Pour écouter, déposez vos oreilles ici. Merci de ne pas les oublier en repartant... je ne suis pas ORL.

"Virgule" précisée, par Arpenteur, animateur radio depuis 1971

Publié dans Virgules

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C
haha tu es le 3 eme de ma liste de favoris à etre lu chez eux!( j'dois avoir sacrement bon gout ...huhu)felicitations! elle lit bien la dame en plus.
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T
aahhh, c'est chouette ça.
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A
Heureuse de ton retour !<br /> Et bien, félicitations arpenteur, pour ce succès. C'est tout à fait mérité.
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N
Ah ben quel plaisir de te relire....Tu nous manquais, eh voui !!!Alors bon retour...et merci... ;o)
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P
Enfin !!! Ben c'est pas trop tôt, j'te l'dis moi ! Presque tous les jours à cliquer sur ce maudit lien bloqué sur off ! Je trouvais que ça frisait l'abandon, la désertion. J'en étais toute touneboulée, moi ! Tu n'te rends pas compte...
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