L'important c'est de participer...

Publié le par Arpenteur

L’évènement mondial universel de la planète du monde en ce moment, c’est la sortie du film le plus cher de tous les Francs : Astérix aux Jeux Olympiques de Pékin 2008, réalisé avec plein d’acteurs dedans, dont un belge puisque c’est un film gaulois, et un Clovis, puisque c’est un film historique.

Comment en est-on arrivé là, me direz-vous ? Ma foi c’est fort simple.

Astérix, tout le monde le connaît : c’est un tout petit gaulois qui lèche les bottes de son chef en essayant de régler tous ses problèmes dans l’espoir caché de prendre un jour sa place. L’Histoire nous apprendra qu’il y parvint environ 2000 ans plus tard puis tomba amoureux du barde.

Les Jeux Olympiques, tout le monde connaît aussi : c’est le sport dont la devise est « l’important n’est pas de gagner, mais de participer », devise inventée fort à-propos par un autre gaulois.

Ces joutes sportives ont lieu tous les quatre ans sous une grande bougie qui vient à pied depuis la Grèce antique, et qu’on allume pendant un spectacle auquel personne ne comprend rien, mais « mon cher Jean-Paul, c’est magnifique d’émotion ce tableau qui nous est maintenant présenté par ces 126'344 enfants membres du club de ping-pong de Shijiazhuang ». Puis la compétition commence, et c’est alors qu’entre deux pages de publicité, on peut voir un tireur à l’arc kirghize de moins de 82.7kg faire un magnifique strike en deuxième manche, ce qui est « absolument extraordinaire puisque une telle performance n’avait jamais été réalisée depuis l’exploit du guatémaltèque Lopez-Lopez-Lopez lors des championnats centraméricains de Tegucigalpa en 1931, j’espère que vous vous rendez compte mon cher Jean-Michel et chers téléspectateurs, qui nous faites l’amitié de nous suivre en direct à 3h50 du matin, du moment historique que nous vivons ici ! ».

Par conséquent, Astérix aux Jeux Olympiques, c’est l’histoire d’un gaulois qui fait du sport. Jusque là, rien de bien extraordinaire, le gaulois étant sportif, surtout ses journalistes.

Le problème pour Astérix le Gaulois, c’est qu’en sport, il n’était pas fortiche, et qu’il devait presque toujours se satisfaire de la fameuse devise.

Mais le gaulois antique avait plus d’un tour dans sa gourde. Grâce aux talents culinaires de Maïté Coffe, son druide, il bénéficiait d’une potion magique qui le rendait invincible : le beaujolais nouveau. Ce breuvage lui permettait de mettre la pâtée à tous ceux qui tentaient d’envahir son village, et ce sans l’aide ni des anglais, ni des américains, ni des russes.

Cette potion lui donnait aussi le pouvoir de gagner les Jeux Olympiques, notamment les terribles épreuves du lancer de pavé et de la marche sous banderoles. Tout ceci, il faut bien le dire, n’était pas très équitable.

Alors les organisateurs des Jeux ont inventé l’anglais, et ont dit très clairement « Fair play please ! ». Puis ils ont créé l’agence mondiale antidopage, interdisant l’usage de toute potion magique sous peine de devoir faire pipi sur ses doigts dans un bocal devant tout le monde.

Après ce sombre événement, les gaulois, dépités, se consolèrent en rédigeant la devise des Jeux Olympiques pour pouvoir continuer à y participer de bon cœur.

Puis un jour, ils trouvèrent une solution : ils inventèrent la colonisation. Ils purent ainsi exploiter des sportifs du monde entier. Mais l’Histoire est facétieuse, et les sportifs ainsi abusés créèrent notamment les guerres d’Algérie, d’Indochine, mieux connues sous le terme de décolonisation. A défaut de potion magique, et de soldats anglophones, les gaulois perdirent ces guerres, et leurs sportifs.

Ils firent alors preuve d’une grande créativité : ils inventèrent l’immigration, et le droit du sol. L’agence mondiale antidopage n’a rien pu faire là contre, et les gaulois purent ainsi glaner quelques titres grâce à de nouveaux sportifs importés. Les honneurs qu’on rendait à ces athlètes pendant les quelques jours suivants ces événements prouvaient en effet que la trêve olympique souhaitée par les grecs antiques n’était pas un vœu pieux, puisque aucun d’entre eux ne fut expulsé avec sa médaille autour du cou.

Le sport était devenu la clé de l’intégration réussie de l’immigration choisie.

A tel point qu’on en fit ce film à la gloire du sport, dans lequel Astérix est effectivement un gaulois. Mais on y trouve surtout un gaulois belge, le bras droit d’un gaulois marocain, les coups francs d’un gaulois algérien, la beaugossité d’un gaulois canadien amoureux d’une téléphoniste gauloise italienne , un petit gaulois espagnol, les longues jambes d’une gauloise tchèco-footballo-calédonnienne, la voiture de course italienne d’un gaulois allemand, un grand gaulois noir américain avec un panier, des grimaces de Jules César, et Francis Lalanne…

« Pourquoi » historique, par arpenteur, commentateur sportif depuis 1971

(c)photo arpenteur2003, helsinki, finlande

Publié dans Pourquoi

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
T
Bonne semaine !
Répondre
C
Les politiques français diraient sans doute que cette adaptation des aventures d'Astérix montre toute la diversité culturelle et ethnique du peuple français, sans oublier son incroyable dispositif d'intégration, son ouverture aux autres, sa tolérance, ses drapeaux liberté/égalité/fraternité en berne...mais moi je ne suis pas une politique, alors je dis que c'est juste une histoire de gros sous ce film, comme tout le reste.
Répondre
R
Je n'irai pas voir le film parce que, comme les JO, c'est essentiellement un truc pour faire de l'argent.<br /> Par contre je regrette Goscinny et son humour magnifique. Je garde le souvenir de cet album où Astérix finit par gagner la palme simplement parce qu'il est prouvé que tous ses concurrents ont triché. Il n'y a pas un peu de ça dans les JO ?
Répondre
N
excellente note, non seulement elle est drôle, mais en plus elle dénonce par ci par là !<br /> bye nath
Répondre
A
Après avoir lu ce récit, je me demande si le film ne me décevra pas! Bravo pour le texte, ce petit intermède dasn mon travail aura su me redonner des forces!<br /> Accent Grave (gaulois d'outre-mer)
Répondre